le temps 1: l'heure des choix
SOMMAIRE L'emploi du temps et l'organisation matérielle Apprentissage de l'attente et de l'autonomie L'enseignant et les difficultés à gérer le temps
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Le temps en petite section comme critère d’organisation de sa classe
Le choix d’écrire sur ce sujet m’est venu lorsque je vous ai demandé de me parler de vos préoccupations. Dans vos nombreuses réponses apparaissaient sous diverses formes des soucis liés au temps ainsi formulés :
- le temps en dehors de la classe pour préparer, réfléchir...
- le temps pour les coins jeux et des apprentissages
- le temps pour passer les consignes ( flottement)
- le temps de passage regroupement –ateliers
- le temps réel et le temps ressenti ( j’ai fait « plus » et je pense « pas assez »)
- le temps par anticipation ( prévoir)
- le temps de travail choisi ( 80% ou 100%)
- le temps comme prise de recul ( regarder ce qu’on a déjà fait)
- le temps individualisé ( élèves en difficulté)
- le temps partagé ( avec ATSEM, collègues)
Il sautait aux yeux que votre préoccupation principale était LE TEMPS.
Ainsi, je décidais de me pencher sur ce sujet.
Les réponses que je vais vous donner n’ont rien de miraculeux, je souhaite apporter une réflexion, peut-être même un débat. La mise à distance de nos inquiétudes est la première démarche dans le processus de résolution.
Le temps est angoissant, il nous rappelle notre finitude. Chacun aimerait le retenir, tout en refusant la fixité, l’immobilité, le silence qui sont eux-mêmes synonymes de fin.
Notre rapport au temps est complexe et il faut parfois s’interroger sur nos propres angoisses avant d’accuser notre métier, nos conditions de travail, les exigences de notre hiérarchie, ou encore les collègues et souvent les parents….
Pour cette première réflexion de notre série sur le temps, je vais aborder une notion capitale qu’il est conseillé d’avoir en tête, celle du choix.
La question du temps est souvent une question de choix.
Le désir de toute puissance que nous avons enfoui au fond de nous, nous amène souvent dans des impasses existentielles. Or, notre capacité à faire des choix est notre liberté par rapport à la question de temps.
L’enseignant sait qu’il ne pourra faire TOUT ce qui est écrit dans sa tête bouillonnante, il en a le désir, il en a l’intention, il en a l’ambition mais il se ment à lui-même, il vole vers son insatisfaction et toutes ses raisons de se plaindre.
L’enseignant a besoin d’apprendre à renoncer. Cela ne signifie pas qu’il faille baisser les bras et dire « Je ne peux rien faire », mais il s’agit plutôt de fixer ses priorités, d’organiser et de répartir celles-ci, de partager avec l’autre l’ambition de faire ensemble et non pas seul.
- Fixer ses priorités, c’est choisir ce qui lui semble incontournable avec les élèves qui lui sont confiés. Par exemple, j’ai choisi de consacrer beaucoup de temps à l’album langage parce que j’ai estimé qu’à cet âge ( 3-4ans) ma priorité était de travailler individuellement le langage. En faisant ce choix, j’ai mis de côté certaines autres activités, j’ai tranché et ai préféré délaisser celles-ci au profit d’un travail en profondeur et à long terme ( sur l’année) avec l’album langage. Alors oui, on pourra me reprocher de ne pas faire suffisamment de musique ou de numération , de graphisme ou de coloriage ( !!!!), mais j’argumente ma position et je suis en accord avec mon choix.
- Organiser et répartir celles-ci , c’est savoir où l’on va, c’est mesurer en terme de temps, c’est penser les détails, c’est ce qui est prioritairement appris dans les IUFM.
- Partager avec l’autre l’ambition de faire ensemble et non pas seul , c’est travailler en équipe, dans la classe avec l’ATSEM ( préparation matérielle, organisation des tâches), dans l’école avec l’équipe enseignante, puisque chacun ne pourra faire TOUT, il est mieux de répartir ou au minimum de savoir ce que l’autre a déjà fait. L’équipe est l’avenir de notre profession, aucun enseignant ne devrait se retrouver seul face à son travail et à ses élèves. Il est indispensable de pouvoir partager, réguler,enrichir par ses expériences, ses lectures, ses découvertes le groupe d’enseignants auquel on appartient. Rien n’est plus motivant que de travailler avec le souci de partager et de montrer dés lors qu’un sentiment de confiance et de tolèrance a été établi. Je vois combien depuis l’ouverture de la tribune libre, certains et certaines ont plaisir à faire avec leur classe pour communiquer ensuite aux autres, cet élan est un moteur puissant de réussite. Les enseignants ont à juste titre le sentiment de non reconnaissance, en travaillant à plusieurs, celui-ci s’efface au profit de la gratitude reçue et de l’acception commune.
En conclusion, le premier petit exercice à faire pour celles et ceux qui souffrent du temps sera de réfléchir à ses priorités et à ses renoncements.
Le prochain article aura pour sujet : le temps "perdu".