le temps 3: emploi du temps et organisation matérielle
Evidemment quand on parle du temps, on ne peut éviter d’aborder cette organisation complexe qu’est la fabrication de son emploi du temps.
Comment créer une journée type qui respecte les rythmes des élèves afin d’améliorer les temps d’apprentissage, tout en s’inscrivant dans un aménagement collectif c'est-à-dire en tenant compte des autres classes ( par exemple utilisation de la salle d’EPS ou horaires de récréation …) ?
De nouveau, l’enseignant comprend que son travail est interdépendant des autres et que la notion d’équipe est prédominante. Sans concertation, sans discussion, sans concession parfois, il est difficile de faire le meilleur emploi du temps. Par ailleurs on sait grâce aux différentes études (chercheurs , chronobiologistes…) que les enfants ne sont disponibles pour les apprentissages que de manière cyclique.
Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il fallait privilégier les élèves les plus fragiles, en l’occurrence plus les élèves sont petits et plus ils sont vulnérables, c’est ainsi que les petites sections doivent être les classes prioritaires en terme de choix d’horaires.
Partant de ces constats, l’enseignant de petite section va s’interroger sur la répartition de ses différents moments scolaires en tenant compte de l’attention et de la fatigue en fonction des heures.
Les études montrent que les élèves arrivent fatigués à l’école à 8h30, ils vont progressivement augmenter leur capacité d’attention et d’assimilation pour atteindre un pic entre 10H et 11H , puis celle-ci va diminuer de nouveau en début d’après midi pour remonter ensuite et être à son meilleur niveau entre 15 et 16 H.
Selon ces éléments, on voit bien que l’accueil en classe convient bien à des élèves qui commencent à sortir de leur fatigue, doucement ils prennent leurs marques et progressivement fixent leur attention. De la même façon, la séance d’EPS semble être plus efficace en première partie de matinée et le regroupement qui demande le plus d’attention ( celui avec la lecture du livre) en seconde partie de matinée. On note aussi qu’après la sieste, de nouveaux ateliers ou regroupement peuvent être choisis dans l’emploi du temps à un moment où les capacités intellectuelles sont performantes.
En tant que co-éducateur avec la famille, il n’est pas vain de communiquer sur le nécessaire besoin de sommeil des enfants et les répercussions de celui-ci sur leur développement physique et mental.
Ayant réussi un emploi du temps qui tient compte de tous les paramètres, cela ne suffira pas ( hélas)à être sûr de bien gérer son temps. Il y a un autre critère tout aussi important qui est l’organisation matérielle.
Donc, l’enseignant a prévu sa journée et son déroulement, a écrit ses préparations, sait qui fait quoi, s’il n’a pas pensé à anticiper le matériel, il risque d’avoir de gros coups de chaleur lorsque ses 30 élèves attendront excités qu’il installe ce qui leur sera nécessaire pour entrer dans l’activité.
C’est ce genre de petits détails qui font exploser une belle préparation, bien écrite et bien pensée.
Non seulement, l’enseignant pense pédagogie organisée temporellement mais il pense aussi concret et pratique.
Pour cela, il a besoin de l’aide de l’ ATSEM qui peut préparer à l’avance le matériel décrit dans la fiche de préparation, les élèves arrivent et ils ont à leur disposition tout le nécessaire à leur travail. Si malheureusement, il n’a pas une aide régulière, il devra prévoir lui-même avant l’arrivée de ses élèves ou pendant les temps de récréation. De nouveau, comme je l’évoquais dans l’article sur le temps perdu, à partir d’une situation d’attente, le groupe classe peut se désunir très rapidement et l’agitation le gagner, l’enseignant s’énerve, ce qui insécurise les élèves qui eux-mêmes redoublent leur bouillonnement, et voici une spirale négative qui engendre de part et d’autre mécontentement et ennui.
En conséquence, il est judicieux de penser au moindre détail matériel de manière à ne rien avoir à chercher quand l'enseignant se trouve avec ses élèves, un temps précieux est gagné ainsi qu’un sentiment de calme.
Ceci montre qu’effectivement les horaires d’enseignement sont largement dépassés quand il s’agit de prévoir, rechercher, préparer et installer tout ce qui sera nécessaire au bon fonctionnement de la journée. On décrit le métier d’enseignant comme une situation privilégiée en terme d’emploi du temps, c’est une erreur. Nous avons la liberté de faire une partie de notre travail chez nous quand nous le souhaitons, cette liberté a un prix, celui de faire penser que puisque nous sommes chez nous , nous ne travaillons pas. Bien des gens le pensent et il est difficile de faire admettre qu’en sortant de l’école, nous rentrons préparer.
C’est ,à mon avis, aussi ce qui donne ce fort sentiment de course en avant et de difficulté à combiner vie personnelle et travail.
Certaines et certains se disent que puisqu’ils sont chez eux, ils doivent être disponibles pour leur famille, mais c’est un leurre. Si nous devions faire les préparations à l’école et finir comme tout un chacun à 18 h, nous n’aurions pas ce sentiment de déchirement. Je ne prône pas pour un travail personnel à l’école , je cherche juste à démontrer à celles et ceux qui se sentent surchargés, qu’ils doivent prendre en compte cet argument.
Le prochain article portera sur l’apprentissage de l’attente chez l’élève et le développement de l’autonomie.