organiser le dessin sous la dictée à partir du récit
Le dessin sous la dictée répond à l’objectif d’utiliser le dessin comme moyen de représentation, afin d’aider les élèves à en comprendre l’intérêt et aussi pour travailler la persévérance, j’ai imaginé cette situation collective.
En tant qu’innovation, l’hypothèse de départ était que les élèves auraient la possibilité d’échanger , de partager, d’enrichir leur propre capacité de représentation, que le groupe serait un élèment de motivation et une source d’inspiration, que cette fourmilière de dessinateurs serait un vivier d’idées et de désirs, il y avait aussi un travail sur la compréhension des consignes et l’écoute. De plus, pour un petit moment, les élèves seraient confrontés à une situation d’apprentissage contraignante ( rester assis, dessiner en suivant les consignes, être sous le regard de l’enseignant quelque soit le groupe, attendre la fin collective). Ce choix pédagogique relève du souci d’apprendre aux élèves la persévérance et l’effort, il me semble que ces habitudes sont à stimuler dés l’entrée à l’école, il n’est pas question de faire du fastidieux car ceci est voué à l’échec, il est question de donner aux élèves conscience qu’un exercice qui , au départ, leur paraissait difficile ( ils l’expriment souvent en début de période), en le continuant malgré tout entouré de l’aide des autres et de l’enseignant peut s’avérer une grande source de satisfaction. Ces expériences précoces aident les élèves à construire leur représentation du travail d’écolier.
En lançant cette nouveauté, je ne savais pas quelle direction, elle allait prendre. Je partais du constat que les élèves aiment qu’on leur raconte des histoires et qu’en utilisant cette entrée, je favorisais leur envie de dessiner. J’acceptais l’idée que cela échoue , c’est le principe d’une hypothèse de travail, mes critères de réussite étaient que les élèves trouvent du plaisir à dessiner ensemble , qu’ils améliorent leur capacité de représentation, qu’ils respectent de mieux en mieux les consignes de l’histoire , qu’ils effectuent leur dessin dans le délai donné et qu’ils se lancent spontanément dans des dessins figuratifs de plus en plus imaginatifs en dehors de cette séance.
Le déroulement de la séance s’organisait ainsi :
Les élèves se répartissaient aux tables, chacun ayant une feuille type A4 avec des pots de feutres disposés sur chaque table. Je leur proposais de raconter une petite histoire qu’ils devaient dessiner au fur et à mesure du récit. Bien entendu, je dictais ( c'est-à-dire lentement) chaque phase. Le groupe pouvait réfléchir ensemble pour imaginer comment dessiner telle ou telle chose. Les premiers récits étaient basiques, tenant compte de ce que l’ensemble des élèves était capable de dessiner. A la fin du récit, je relisais l’histoire pour que chacun vérifie s’il n’avait rien oublié. Chacun signait son dessin d’abord avec son étiquette prénom puis au fur et à mesure de la période en écrivant.
Les résultats furent à la hauteur de mes souhaits, malgré des débuts difficiles pour certains ( confrontation à l’écoute et à l’enregistrement des consignes successives, puis à leur réalisation), la persévérance de ma part porta ses fruits. Un enthousiasme collectif , c'est-à-dire précipitation aux tables dés l’annonce du dessin sous la dictée, discussions animées et inventions collectives furent rapidement remarquables. Et les progrès arrivèrent naturellement, dans ce contexte d’émulation et de répétition.
Convaincue de l’intérêt d’un tel dispositif, je le renouvelais chaque année, en y ajoutant des contraintes ou des nouveautés. Et ce fut le cas, pour le dessin sous la dictée à partir du récit du voyage de Dalma. Le point d’appui choisi était donc une partie du texte de l’élève fait précédemment en regroupement. Mon idée était d’aller dans plusieurs directions ; d’abord, valoriser une nouvelle fois les récits en les faisant source de représentation, ensuite répéter l’action de lire pour appuyer l’idée oral-écrit du récit, enfin motiver les élèves à partir du fait qu’ils seraient chacun leur tour l’auteur-référent.
L’attitude de l’enseignant dans un tel dispositif est encourageante, face aux difficultés de certains élèves ( il est arrivé certaines années que durant les premières séances un élève ne dessine strictement rien, je l’ai toujours accepté et lui ai dit qu’il allait y parvenir, qu’il le pouvait et que j’en étais sûre), tout en donnant un cadre exigeant ( même si tu ne dessines pas , tu restes avec nous à la table et tu observes) et en étant le plus simple possible dans ses explications.
Ce moment de dessin dure en moyenne 10 à 15 mn dans une classe de petite section.
Il est transférable à tous les niveaux de la maternelle.